L’argument d’autorité

Il repose sur une source perçue comme crédible ou experte. Exemple : "Ce scientifique a prouvé que ce régime est le meilleur, donc il l’est."

L'argument d’autorité, contrairement à l’argument logique, n’a pas pour but de construire une déduction rigoureuse. Il mise sur la confiance que l’auditoire accorde à une figure perçue comme experte, crédible ou prestigieuse. L’idée est simple : on s'appuie sur la réputation ou les qualifications de quelqu’un d’autre pour renforcer la validité de son propos, sans nécessairement en passer par une démonstration approfondie.

Reprenons l’exemple : "Ce scientifique a prouvé que ce régime est le meilleur, donc il l’est." Ici, on ne se soucie pas de savoir pourquoi ce régime serait le meilleur, ni des détails de l’étude en question. On se repose simplement sur l'idée que le scientifique — figure de l’expertise incontestable — a déjà fait le travail de réflexion et d'analyse. L’auditoire est invité à adhérer à cette conclusion sur la seule base de l’autorité de cette personne. L'expertise scientifique ici devient un substitut à l'argumentation : "Le scientifique sait mieux que vous, donc croyez le."

Pourquoi ça fonctionne ?

Nous avons une tendance naturelle à nous fier aux figures d'autorité, notamment dans les domaines où nous manquons de compétences. C’est un mécanisme d’économie cognitive. Après tout, tout le monde ne peut pas être expert en nutrition, en médecine, en danse ou en physique. Faire confiance à quelqu’un qui a étudié et travaillé dans un domaine est d’ailleurs vu comme un choix rationnel. De plus, dans une société qui accorde beaucoup d’importance à l’expertise, le simple fait d’évoquer un scientifique, un docteur ou un professeur suffit à mettre fin au débat. Cela donne une aura de sérieux, de rigueur et de fiabilité au propos.

Mais pourquoi ce n’est pas toujours fiable ?

Le problème avec l'argument d’autorité, c'est qu'il fait appel à une confiance aveugle. En réalité, même les experts peuvent se tromper, être influencés par des biais personnels ou institutionnels, ou être en désaccord entre eux. Parfois, ce qui est présenté comme un consensus n'est en fait qu'une vision partielle ou datée. L'autorité ne garantit pas la vérité ; elle offre juste un crédit de confiance que l'on accorde à un individu ou à une institution.

Et puis, il y a une manipulation rhétorique possible. Combien de fois entendons nous des expressions comme "Des études montrent que…" sans qu'on sache quelles études, menées par qui, avec quelle méthodologie ? L'argument d'autorité peut facilement être utilisé pour masquer un manque d’arguments solides. Il est beaucoup plus simple d’asséner "Un expert l’a dit" que de démontrer soi-même pourquoi cet expert a raison.

Comment l’utiliser avec prudence ?

Si tu veux utiliser un argument d’autorité de manière convaincante, il faut que l’autorité que tu invoques soit pertinente. Tous les experts ne se valent pas et il est important que l’expert cité ait une réelle compétence dans le domaine discuté. Par exemple : invoquer un prix Nobel de littérature de fiction sur les voitures pour parler de nutrition serait totalement stupide non ? Ensuite, il est judicieux de ne pas t'appuyer uniquement sur cet argument. L’argument d’autorité doit être un complément à d’autres types de raisonnements (faits, données, logique).

Exemples et variations

Disons que tu essaies de convaincre quelqu’un de suivre un régime. Si tu te contentes de dire : "Ce scientifique a prouvé que ce régime est le meilleur," tu joues entièrement sur l’autorité. Mais tu pourrais renforcer ton propos en expliquant brièvement pourquoi ce scientifique le dit : "Ce scientifique, spécialisé en nutrition, a mené une étude sur 10 000 personnes sur une période de 20 ans, et les résultats montrent que ce régime réduit les maladies cardiaques de 40 %." Maintenant, tu combines autorité et faits tangibles, ce qui rend ton argument plus robuste.

En résumé

L'argument d'autorité joue sur la confiance et le statut. Il est efficace car il répond à notre besoin de nous fier à des experts dans des domaines où nous sommes ignorants. Toutefois, il doit être utilisé avec discernement, car il ne garantit pas la vérité. Manipulé de manière subtile, il peut détourner l'attention des véritables enjeux du débat.

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